Les Années Folles

À propos

Par Pierre GUY

Le chrononyme « Les Années Folles » désigne, en France, la période 1920 – 1930 durant laquelle la génération d’après-guerre a rêvé d’un monde nouveau et a proclamé « Plus jamais ça! ». L’utopie positiviste de la fin du XIX° siècle et son credo progressiste laisse alors la place à un individualisme déchaîné et extravagant.
Cette décennie voit éclore, tout au moins à Paris, une griserie générale sur fond de musique nouvelle. Cependant, il ne faut pas se méprendre : seule Paris va vivre cette « folie ». La province, qu’elle soit meurtrie tragiquement dans le nord-est ou totalement défaite dans sa ruralité, n’est pas concernée par cet engouement qui déferle sur la bourgeoisie parisienne, le monde du spectacle, de la littérature et du théâtre. La scène parisienne devient le lieu incontournable de la nouveauté et de l’extravagance, influencée par les courants venant des États-Unis (jazz, danse, cinéma).
Deux mouvements contestataires focalisent les artistes et les intellectuels. C’est déjà le mouvement Dada, animé par Tristan Tzara, Philippe Soupault et Louis Aragon à qui succédera la vague du Surréalisme lancé par André Breton. Environnés d’artistes iconoclastes (Picabia, Man Ray, Max Ernst, Dali), ces mouvements s’organisent à Montparnasse, autour des brasseries branchées La Coupole et le Dôme. C’est aussi dans cet environnement que gravitent de nombreux peintres (Picasso, Modigliani, Chagall, Arp, Soutine, l’École de Pari,…) Parallèlement, le monde littéraire parisien est illuminé par des romanciers essentiels (Gide, Proust, Colette, Mac Orlan, Mauriac, Romain Rolland, Genevoix,…) et par des auteurs de théâtre qui deviendront classiques (Giraudoux, Guitry, Pagnol,…).
La scène parisienne, qui a explosé en 1925 avec la venue de la Revue Nègre et de ses vedettes Joséphine Baker et Sidney Béchet, fait un triomphe à Mistinguett, à Maurice Chevalier et aux opérettes de Maurice Yvain, relayés par la radiophonie naissante.
Rêvant d’évasion à la lecture des ouvrages de Kessel, Hemingway, Conrad ou Faulkner, le grand public suit les aventures aériennes de Nungesser et Coli ou de Charles Lindbergh.
C’est aussi l’envie de découvrir le sport, des exploits de Gorges Carpentier à ceux de Paavo Nurmi et de Johnny Weissmuller aux Jeux Olympiques de Paris (1924).

La décennie 1920-1930 voit, en France, une activité économique exceptionnelle aux résultats équivalents à ceux des États-Unis et du Japon, une décennie qui, dans la reconstruction des ruines de la Grande Guerre, aura été marquée par l’Art Déco.

L’embellie économique, intellectuelle et artistique des Années Folles s’éteindra brutalement en France quelques mois après le krach boursier américain d’octobre 1929 qui sonne le glas d’une période sans égale.